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Anxiété ou angoisse ?

  • Photo du rédacteur: Julie Pauthier
    Julie Pauthier
  • 20 juin 2020
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 juil. 2020

«

- Je suis de nature stressée moi tu sais…

- J’étais si angoissé pour ma mère l’autre jour !!

- Je suis anxieuse aujourd’hui »


Nous avons tous utilisé un jour les termes de stress, d’anxiété, d’angoisse ou de peur. Mais savez-vous réellement ce que ces notions signifient ? Savez-vous les distinguer correctement les unes des autres ?

En tant que professionnelle de la santé mentale, j’ai entendu de très nombreuses fois (pour ne pas dire toujours) ces termes utilisés de manière inadaptée. Je me suis donc penchée sur la question et me suis dite qu’il serait intéressant de définir chacune de ces notions, souvent mal employées, sous le prisme de la psychologie comportementale.


Afin de ne pas réaliser un article trop vaste, j’ai choisi de le couper en deux parties. Celui-ci sera dédié à l’anxiété et à l’angoisse, tandis que le prochain sera dédié à la peur et au stress.


Angoisse et anxiété sont deux notions souvent confondues. Nous nous définissons comme étant angoissé, tout comme étant anxieux pour les mêmes raisons. Je vous l’accorde, ces termes sont intimement reliés, d’où les confusions récurrentes que nous pouvons réaliser dans le langage courant. Toutefois, vous le comprendrez par la suite, ces deux états sont bien différents l’un de l’autre.


Débutons ce voyage au cœur des définitions, par celle de « l’anxiété ».


L’anxiété


L’anxiété est dérivé du latin Anxiétas qui signifie une "grande inquiétude", une "insécurité". Son usage est devenu fréquent dans les discours dès le 18ème siècle.

D’un point de vue comportemental, c’est le fait de s’inquiéter outre mesure pour une situation clairement identifiée présente ou par anticipation d’une situation future. Nous y retrouvons par exemple des questionnements simples du type : « Suis-je à la hauteur ? vais-je m’évanouir s’il y a trop de monde à cet évènement ? ».

Être anxieux, c’est avant tout avoir peur par anticipation pour plusieurs situations du quotidien. Pour reprendre la phrase subtile d’un confrère : « Être victime d’anxiété, c’est imaginer sans savoir ».

Souvent confondue avec l’angoisse et la peur, l’anxiété est avant tout une émotion désagréable. C’est un état psychologique mais aussi physiologique caractérisé par des composantes somatiques, émotionnelles, cognitives et comportementales. À l’inverse de la peur, elle peut survenir sans stimulus identifiable. Cette émotion désagréable combine des symptômes physiques (accélération du rythme cardiaque, sensation de tension interne, hypervigilance, respiration rapide) avec des pensées dites anxieuses (inquiétude, crainte, obsession, doute…). Si elle n’est pas généralisée, on considère que l’anxiété est supportable et non pathologique. C’est une émotion que nous ressentons tous à divers moments de notre vie.

Lorsque l’anxiété s’installe dans la durée et survient de manière régulière, elle créée une souffrance qui perturbe le quotidien. On parle alors de troubles anxieux. Ce sont des troubles chroniques qui s’exprime de manière différente selon chacun.


Parmi les troubles anxieux, nous retrouvons :


  • L’anxiété généralisée : est un état d’inquiétude excessive et d’insécurité constante. Elle est difficilement contrôlable et durable. On y trouve des mécanismes comme la peur et l’appréhension douloureuse. Pour être caractérisée comme telle, la personne doit avoir cette sensation d’inquiétude pour au moins deux thèmes différents (exemple : l’argent et le travail). Elle comprend divers symptômes physique comme les douleurs musculaires, la fatigue, l’insomnie, les sueurs, les palpitations, etc.

  • La crise d’angoisse (ou attaque de panique) : est une crise qui se manifeste par l’apparition de symptômes physique brutaux. En général (bien que cela puisse varier en fonction de chacun) la durée d’une crise atteint son apogée en une vingtaine de minutes avant de s’apaiser. Les symptômes vont de la peur (peur de mourir, de s’évanouir, de devenir fou, de faire un malaise cardiaque, etc.) à la sensation de danger immédiat, avec des symptômes physiques très intenses et variables (palpitations, vomissements, spasmes musculaires, tremblements, frissons, des bouffées de chaleurs, sueurs froides, douleurs thoraciques, malaise, etc.). Les crises peuvent être spontanées ou inattendues, faisant suite à un élément déclencheur ou non.

  • Le trouble panique : Est le résultat de crises d’angoisses à répétition. Si les crises d’angoisse aiguës deviennent récurrentes et donc chroniques, s’installe alors un état anxieux généralisé accompagné de la peur intense de voir resurgir les crises d’angoisse (leurs survenues et leur fréquence étant imprévisibles). C’est donc la crainte de vivre une nouvelle crise, ou ce que l’on appelle couramment « la peur d’avoir peur ». La peur à toute son importance dans ce trouble. Le trouble panique entraine de nombreux mécanismes de défenses (fuite des lieux et situations pouvant déclencher une crise, l’isolement, l’évitement, voir le déclenchement involontaire de crises par anticipation) ainsi qu’un état anxieux généralisé. C’est une maladie chronique qui peut évoluer sur de nombreuses années, allant de périodes de rémissions à des périodes d’aggravations. Il peut être reconnue comme une ALD (affection longue durée) par un médecin et donc prise en charge par l’assurance maladie. A noter qu’à ce stade, il est important de se faire aider par un professionnel de la santé mentale (psychiatre ou psychologue).

L’angoisse

Comme nous l’avons exposé précédemment, la crise d’angoisse fait partie des troubles anxieux.


Et l’angoisse dans tout ça, est-ce différent de la crise d’angoisse ?


L’angoisse serait l’instant précédent la crise d’angoisse. C’est le seul moment ou cette notion peut finalement s’appliquer. Car lorsque nous évoquons l’angoisse, selon sa définition en psychologie comportementale, nous faisons surtout référence à cet état de crise physique et psychique.

Cependant, certains individus ayant l’habitude d’en vivre, apprennent à repérer les symptômes annonciateurs de leur survenue et c’est à ce moment-là nous pouvons parler « d’angoisse ».

Donc, lorsque nous utilisons le terme « angoisse » il convient de penser « crise » et « pré crise » (lorsque nous sommes « habitués »). Pour plus de détail sur sa symptomatologie, je vous renvoie à la définition exposée dans le paragraphe précédent, intitulé « crise d’angoisse ».

De l'anxiété à l'angoisse

Reprenons maintenant tous ces éléments ensemble, afin d'en affiner leur compréhension.


Si nous observons les symptômes de l’angoisse nous constatons de nombreuses similarités avec ceux de l’anxiété. Cependant, vous l’aurez maintenant compris, l’angoisse est bien une forme exacerbée de l’anxiété et non, son synonyme.

Nous parlons le plus souvent de crise d’angoisse, par son côté ponctuel et intense, à l’inverse du fonctionnement plus chronique et souterrain de l’anxiété.

Si nous devions créer un schéma hiérarchique selon l’ordre d’apparition des symptômes, l’angoisse se situerait en dessous de l’anxiété et au-dessus du trouble panique.

L’angoisse (ou la crise d’angoisse) est une émotion plus déstabilisante que l’anxiété, puisque les symptômes ressentis sont plus intenses tant au niveau physiologique que psychologique.

La crise d’angoisse empêche la continuité d’une activité en cours contrairement à l’anxiété.

Elle est souvent irrationnelle et les individus atteints en sont très souvent conscients. C’est d’ailleurs ce qui rend l’angoisse d’autant plus difficile à supporter.


Elle peut d'ailleurs survenir à tout moment et même pendant le sommeil… Il s'agit la d’angoisse nocturne !


L’anxiété, si elle n’est pas généralisée, est souvent vécue sans être identifiée ou mal vécue. Pour être identifié, il faut souvent que l’anxiété devienne généralisée et donc créatrice de mal-être sur le long terme. Alors que l’angoisse est une expérience difficile et intense que l’on repère immédiatement comme « anormale » sans être chronique, même si elle n’est pas nommée comme telle.


N.B.

  • Trop d’anxiété peut mener à de l’angoisse, mais pas obligatoirement.

  • Il peut arriver à n’importe qui de vivre une unique crise d’angoisse sans que cela devienne chronique ou le résultat d’anxiété chronique. C’est un évènement qui peut arriver à tout a chacun, en fonction de ce que nous vivons à un moment T.

Lorsque ces deux états sont vécus de manière chronique,récurrente, il est important de ne pas s'isoler et de faire appel à l'aide (personne de confiance, médecin traitant etc.) afin de sortir de cette situation difficile. De même que pour le trouble panique, si l'anxiété ou les crises d’angoisse apparaissent régulièrement, n'hésitez pas à consulter des professionnels de la santé mentale (psychiatre, psychologue) qui sauront vous aider de manière adaptée.



Références :


Ohman, A. (2000). « Fear and anxiety: Evolutionary, cognitive, and clinical perspectives » in M. Lewis & J. M. Haviland-Jones (Eds.). Handbook of emotions. (p. 573-593). New York: The Guilford Press.

Seligman, M.E.P., Walker, E.F. & Rosenhan, D.L.).Abnormal psychology, (4th ed.) New York: W.W. Norton & Company, Inc. « Emotional Control Circuit Of Brain's Fear Response Discovered »

John Travis, "Fear Not", Science News, 2004

Le Gall, A. (2001). Distinguer les faits. Séparer les notions. Dans : André Le Gall éd., L'anxiété et l'angoisse (pp. 3-16). Paris cedex 14, France: Presses Universitaires de France.

Christian Jeanclaude : Les ombres de l'angoisse, La peur d'être vivant, Paris, Bruxelles, éd. De Boeck, (Coll. Oxalis), 2005

Site internet : https://www.ameli.fr/

 
 
 

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