La maladie d'Alzheimer
- Julie Pauthier
- 20 oct. 2020
- 5 min de lecture
Introduction
De toutes les maladies neuro-évolutives concernant la personne âgée, la maladie d’Alzheimer (MA) est sûrement la maladie la plus largement diagnostiquée (Derouesne, 2006). En effet, ce sont 900 000 personnes qui en sont touchées en France et plus de 47 millions dans le monde (INSERM, 2017). L’incidence et la prévalence de celle-ci ne font que croître. De plus, les hypothèses statistiques ne vont pas en faveur d’une diminution du nombre de cas avec le temps[1]. Cette maladie des plus répandue chez la personne âgée, touche plusieurs domaines de la vie, comme les aspects cognitifs, comportementaux, thymiques et donc l’autonomie (Missotten, Squelard, & Ylieff, 2010). Selon Missotten et al. (2010), la qualité de vie dépend de trois grands domaines : l’autonomie, la cognition et le comportement. Ces trois derniers sont atteints par la MA et ont un impact sur le quotidien.
Actuellement, aucun traitement curatif n’a été créé (Guillemaud, Faudounau, Greffard, & Verny, 2013; Nehls, 2017). Certains médicaments existent et servent à réduire les troubles causés par la maladie. Mais dans sa lettre de recommandation, la Haute Autorité de Santé (HAS, 2008), conseil de traiter les Syndromes psycho-comportementaux (SPC) de la MA par des thérapies non-médicamenteuses, avant de se tourner vers la pharmacopée. De fait, la recherche en psychologie sur le domaine ne tarit pas et nombreuses sont les études portant sur des thérapies alternatives aux médicaments.
Historique
Découverte en 1906 par Aloïs Alzheimer[2] (Croisile, 2014), la MA est aujourd’hui définie comme étant une maladie neuro-évolutive. Elle est donc liée à l’âge et s’aggrave avec le temps. Elle est causée par une perte progressive des neurones, conduisant à la destruction du système nerveux (Sevin & Cartier-Lacave, 2018).
Nous distinguons deux sortes d’Alzheimer : une dite génétique (ou familiale), qui survient chez le sujet jeune (avant 55 ans) et une dite sporadique (plus commune), qui se déclare plus âgé (après 65 ans) (Gauthier & Poirier, 2011). C’est une maladie que l’on qualifie au départ d’insidieuse[3], puisque le processus dégénératif est très long. De plus, elle est régulièrement confondue avec le vieillissement « normal », du fait d’un déclin de nombreuses fonctions cognitives similaires (Dujardin & Lemaire, 2011; Dubois, 2009).
Dans les années 1980, le médecin américain George Glenner découvre le constituant responsable des plaques séniles : la protéine bêta amyloïde.
Puis en 1985 le neuropathologiste Belge, Jean Pierre Brion, met en évidence la présence anormalement grande en protéine TAU phosphorylée formant les dégénérescences neurofibrillaires (Derouesné C. , 2008).
Enfin, le troisième mécanisme observé est la perte d’acétylcholine. Sans l’acétylcholine, l’hippocampe se nécrose. Étant la région spécialisée dans le stockage des souvenirs personnels et autobiographiques (Nehls, 2017), nous constatons l’apparition d’une amnésie antérograde similaire à celle de l’amnésie de Korsakoff (Lieury, 2013; Piolino, 2003). Cette amnésie suppose que l’individu n’est plus apte à apprendre sur le long terme, mais est capable d’un rappel à court terme et de restituer des informations antérieures à la maladie.
Les résultats de ces trois mécanismes connus sont de nombreux troubles, qui, en fonction des zones atteintes vont induire différents symptômes.
Symptômes
Comme indiqué précédemment, l’amnésie symptôme le plus connu, est le premier trouble cognitif à apparaître chez le malade Alzheimear. Cependant, beaucoup d’autres symptômes interviennent également dans cette maladie et impactent leur quotidien.
Les déficiences sont les suivantes :
Mnésiques : mémoire de travail, épisodique, sémantique et autobiographique.
Attentionnels : difficultés de concentration, pour la planification d’évènements complexes.
Une désorientation spatio-temporelle
Gnosiques : impossibilité à reconnaître des objets ou des visages sans déficit sensoriel.
Praxique : impossibilité de réaliser des activités motrices complexes.
Fonction exécutive (FE) : qui sont « des capacités du cortex préfrontal, à l’avant du cerveau et plus exactement d’un circuit pariéto-frontal, qui contrôlent l’exécution des conduites, le choix des stratégies, la prise de décision ». (Houdé, p. 2)
Au niveau langagier (aphasie).
Ces déficiences engendrent en grande partie une dépendance accrue lors de la réalisation des tâches du quotidien.
De plus, chacun de ces troubles entraînent potentiellement ce que l’on appelle des « symptômes psycho-comportementaux de la démence » (SPCD) comme : l’anxiété, la dépression, les hallucinations, le délire, l’apathie, la déambulation, la vocalisation, une inversion du rythme veille-sommeil, des troubles de l’alimentation, une désinhibition (Belmin J. , 2018).
En outre, tous les symptômes exposés précédemment, entraînent une dépendance de la personne âgée dans les tâches de la vie quotidienne que ce soit, par exemple, pour gérer son budget, se faire à manger ou encore pour s’habiller dans le stade le plus élevé de la maladie.
Ainsi, la maladie d’Alzheimer peut être accompagné par des psychologues et de nombreux autres professionnels de la santé. De nombreuses études ont démontrés les bienfaits d'un accompagnement non médicamenteux pour améliorer le quotidien avec maladie.
Diagnostique
La Maladie d’Alzheimer, bien que régulièrement diagnostiquée est difficile à déterminer avec certitude. En effet, cette maladie se décèle dans un premier temps par la réalisation de tests neurocognitifs, puis un examen neurologique et des examens complémentaires plus poussés. Au stade léger, les symptômes sont identiques à d'autres syndromes. Ils ne permettent alors pas à eux seul d'obtenir un diagnostic fiable.
Le diagnostic se fait sur un faisceau d’arguments (comme sur ceux du DSM V ou sur les critères du NINCDS-ADRDA de McKhann[4]) (Dubois, 2009) à savoir :
Les tests neurocognitifs
L’identification de biomarqueurs spécifiques permet de diagnostiquer avec le plus de certitude la maladie (Dubois, 2009). Sans celui-ci, on parlera d’Alzheimer « probable » avec l’appui des examens cités précédemment.
Un examen de neuro-imagerie doit être systématiquement réalisé : par IRM ou TEP (Tomographie par Emission de Position). Cependant, toutes ces techniques d’imagerie cérébrales sont coûteuses et ne sont pas fiables à 100%.
D’autres techniques sont à l’étude, comme l’examen de la rétine, ou la perte de l’odorat (Michel & Pinelli, 2017).
L’évolution de la maladie est lente et progressive, soit de façon quasi-linéaire, soit ponctuée de quelques paliers.

Figure 1. Progression des symptômes de la MA (d'après Feldman et Woodward,2005)
Association : France Alzheimer
[1] L’OMS suppose que le nombre de cas entre 2015 et 2020 devraient tripler (INSERM, 2017). [2] Neuropsychiatre allemand (1864-1915) [3] En effet, elle peut se développer sur plusieurs années, sans qu’il y ait de symptômes apparents. Parfois durant 15 à 25 ans de manière silencieuse.
Sources
Derouesne, C. (2006). Maladie d'Alzheimer. Données épidémiologiques
INSERM. (2017, septembre 18). Jeudi 21 septembre 2017 : journée Mondiale de la maladie d'Alzheimer.
Missotten, C., Squelard, G., & Ylieff, M. (2010). Evaluation de la qualité de vie dans la maladie d'Alzheimer et les troubles apparentés. Gérontologie et société, vol.33/133,(2), pp. 115-131.
Guillemaud, C., Faudounau, V., Greffard, S., & Verny, M. (2013). Prise en charge thérapeuthique de la démence. EMC traité de médecine, pp. 1-9.
HAS. (2008). Maladie d'Alzheimer et maladies apparentées : prise en charge des troubles du comportement perturbateurs. Argumentaire.
Croisile, B. (2014). Alzheimer : que savoir? Que craindre ? Qu'espérer ? Paris: Odile Jacob.
Lieury, A. (2013). Le livre de la mémoire. Dunod.
Dubois, B. (2009). Quelques réflexions sur le diagnostic de la maladie d'Alzheimer. Gérontologie et société, pp. 143-162.
Belmin, J. (2018). Quels sont les symptômes qui peuvent révéler une maladie d'Alzheimer ? MOOC La maladie d'Alzheimer : tout ce que vous avez toujours voulu savoir...
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